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Les deltas, « mosaïques vitales » menacées par les effets du changement climatique

Dans le contexte du bouleversement climatique, qui fait actuellement l’objet de la 29e Conférence mondiale sur le climat (COP29) à Bakou (Azerbaïdjan) jusqu’au 22 novembre, c’est une riche idée de la revue Reliefs d’avoir consacré son numéro semestriel aux deltas, ces plaines alluvionnaires à l’embouchure de certains fleuves, et d’avoir demandé au chercheur François Gemenne d’introduire le sujet. Les deltas se trouvent au cœur d’une spirale qui met en danger leur existence et celle de leurs occupants. « Ils comptent parmi les zones du monde qui sont à la fois les plus densément peuplées et les plus directement menacées par les effets du changement climatique », observe le spécialiste de la géopolitique de l’environnement, professeur à Sciences Po Paris et Grenoble.
Les deltas, qui couvrent 0,65 % de la surface des continents et accueillent 4,5 % de la population mondiale – voire, selon des définitions plus larges, 2 % des territoires et 14 % des habitants – sont en effet menacés par la montée des eaux et l’enfoncement de leur sol, souligne la géophysicienne Mélanie Becker (CNRS, Laboratoire littoral, environnement et sociétés). Des mégapoles comme Shanghaï, Saïgon ou Dacca sont bâties sur les deltas du Yangtsé, du Mékong et du Gange. Quant à celui du Nil, berceau de la civilisation égyptienne, il est le grenier agricole du pays.
Les deltas sont extrêmement variés, rappelle la géographe Magali Reghezza-Zitt. Il en existe sous toutes les latitudes : des bayous de Louisiane dans le delta du Mississippi aux régions arctiques, tel celui du Yukon, le plus étendu sur la planète (130 000 km), qui se trouve en Alaska. Ils forment surtout, dit joliment la géographe Delphine Gramond, « des mosaïques vitales ». Qu’ils soient intérieurs comme celui de l’Okavango en Afrique australe, ou qu’ils débouchent sur la mer, ils constituent des havres de biodiversité pour la flore, mais aussi pour les oiseaux, les poissons et les mammifères. Ils jouent enfin un rôle de refuge pour les espèces migratoires, relève, dans un entretien, Gaël Hemery, directeur de la Réserve naturelle nationale de Camargue, formée par le delta du Rhône.
Toujours aussi soignée, avec des cartes, gravures, graphiques et photos splendides, la revue nous plonge aussi dans l’univers des araignées, véritables « usines à soie », comme le raconte l’aranéologue Christine Rollard, maîtresse de conférences rattachée au Muséum national d’histoire naturelle, dans un entretien. Le niébé et autres légumineuses africaines sont redécouverts par l’agronome Eric Birlouez, tandis que l’historienne Valérie Chansigaud livre un portrait personnel d’Henry David Thoreau (1817-1862), célèbre poète et naturaliste américain. Enfin, les lecteurs apprendront la différence entre estuaires, deltas et lagunes.
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